- La parole à...
3 questions à… Anne Martelle, Présidente du Syndicat de la librairie française
À l’occasion de la publication du rapport d’activité 2022-2023 du SNE, Anne Martelle, Présidente du Syndicat de la librairie française et directrice de la librairie Martelle à Amiens, décrit les enjeux de la librairie en France, entre pédagogie autour du prix unique du livre et frais de livraison.
Un sondage réalisé par le SNE en 2020 avait révélé que 53% des Français n’ont pas connaissance de l’existence d’un prix unique du livre. Comment mieux communiquer sur celui-ci ?
Le Syndicat de la librairie française a pris l’initiative, en collaboration avec des maisons d’édition, de créer des outils de communication sur le prix unique du livre. Ceux-ci vont du logo « Un livre a le même prix partout » à des campagnes de communication en librairie et sur les réseaux sociaux. De plus en plus d’éditeurs se saisissent de ces outils, en apposant le logo sur la 4e de couverture ou à l’intérieur de leurs ouvrages. Il faut développer cet effort commun. La meilleure façon de conforter le prix unique du livre qui nous est indispensable à tous, auteurs, éditeurs comme libraires, c’est de le faire mieux
connaître aux lecteurs.
Quel impact la nouvelle loi fixant les frais de port à 3€ peut-elle avoir sur la librairie ?
Ce sujet est intimement lié au premier. Le dumping sur les frais de port est une manière, pour de grandes plateformes en ligne, d’attaquer le prix unique du livre. L’instauration d’un minimum de 3€ de frais de port pour toute commande de livres sur internet inférieure à 35€ est un premier pas important. Il corrige l’anomalie de la gratuité en plaçant les frais de livraison de livres au niveau de ce que l’on constate pour les autres produits. Mais la marche reste haute pour les libraires car La Poste
leur facture entre 7 et 9,50€ la livraison. Nous plaidons pour compléter la loi en ouvrant l’accès à un tarif d’expédition plus avantageux pour les libraires. Notre profession a depuis longtemps franchi le cap d’internet avec des sites performants. Pour devenir pleinement compétitifs, il faut que notre équation économique sur la livraison s’améliore.
En 2022, 142 nouvelles librairies ont ouvert en France, un record ! Comment expliquez-vous ce phénomène ?
La librairie suscite des vocations de plus en plus nombreuses. C’est une illustration du formidable
dynamisme de notre profession. Ce qui attire, c’est à la fois une activité liée à la culture, le fait de devenir indépendant et de participer à l’animation d’un territoire, qu’il s’agisse d’un quartier, d’une petite ville ou d’un bourg. C’est un beau métier, qui apporte du sens à notre vie professionnelle et à notre engagement personnel. Cette vague de créations constitue aussi un défi car il nous faut davantage accompagner ces créateurs avant comme après l’ouverture de leur commerce et le faire tous ensemble, syndicat et associations de libraires, École de la librairie, Centre national du livre, Adelc et agences régionales du livre. Nous nous attachons à orienter les porteurs de projets vers des
territoires insuffisamment pourvus en librairie et les incitons à regarder du côté des reprises de librairies existantes car la pérennité de ces librairies est un défi tout aussi important.