Syndicat national de l'édition

  • La parole à...

Discours de Marion Glénat-Corveler à la Foire de Francfort

« Monsieur le Président du BIEF, Cher Antoine, 

Madame la Présidente du Centre national du livre, Chère Régine Hatchondo, 

Monsieur le directeur adjoint en charge du livre et de la lecture, Cher Nicolas Georges,

Chers collègues et amis du Livre, 

En l’absence exceptionnelle de notre président, Vincent Montagne, appelé par d’autres obligations, j’ai la grande responsabilité de représenter le SNE ce soir.

La Foire de Francfort est toujours riche en échanges et en découvertes. Elle nous permet de prendre collectivement le pouls de notre secteur, de confronter les dynamiques du marché français aux tendances internationales. Cette édition ne déroge pas à la règle.

Pressions sur le marché avec la poussée très forte du livre d’occasion, intelligence artificielle au cœur des débats depuis de longs mois, menaces sur le dispositif du Pass culture en France… voilà quelques-uns des sujets qui mobilisent au quotidien notre syndicat et les acteurs de la chaîne du livre.

• Une menace pèse fortement sur notre filière, celle de la montée continue du livre d’occasion. Vendu en masse par les mastodontes du commerce en ligne, il représente aujourd’hui 1 ouvrage acheté sur 5, et probablement bientôt 1 sur 4, sans que ni auteur ni éditeur ne perçoive de rémunération. Seules ces plateformes en captent de la valeur.

Toute la chaîne du livre, amont et aval, est concernée. Ce phénomène fait peser à brève échéance un risque existentiel sur les auteurs et les éditeurs, mais par ricochet également sur les diffuseurs, les distributeurs et les libraires.

Le livre d’occasion a des vertus. L’enjeu n’est pas de l’interdire, mais bien de trouver un moyen pour que les auteurs et les éditeurs puissent percevoir une rémunération sur la vente de livres d’occasion, afin de pérenniser la chaîne du financement de la création.

Pour qu’il y ait un livre d’occasion, il faut qu’il y ait eu un livre neuf.

La mise en œuvre d’une véritable politique publique est la seule solution pour empêcher que le développement exponentiel du livre d’occasion n’ait pour conséquence l’effondrement du secteur.

• Concernant l’IA, la France s’apprête à accueillir en février prochain un grand sommet sur le sujet. Les industries culturelles doivent être associées de plein droit à la préparation de cette rencontre internationale.

Il est dangereux et honteux de laisser se propager l’idée que les acteurs de la tech devraient avoir accès à toutes les données sans restriction ni contrepartie, comme si le non-respect du droit était la condition sine qua non pour faire émerger des acteurs français et européens. N’oublions pas l’adage : « Bien mal acquis ne profite jamais ».

Les développeurs d’IAG doivent apporter des garanties démontrant qu’ils entendent faire du respect du droit d’auteur un préalable indispensable. Encore un combat qui nous unit fortement, éditeurs et auteurs.

L’édition est une source d’œuvres et de données précieuses et de qualité ; les fournisseurs d’outils d’intelligence artificielle l’ont compris depuis longtemps. Le pillage des données culturelles aboutira inévitablement à la fragilisation des secteurs culturels et à l’appauvrissement de la production pourtant indispensable à la circulation de la pensée dans notre démocratie.

Il est grand temps d’ouvrir des discussions sur l’identification vérifiée des contenus utilisés par l’IA et sur les modes de rémunération des ayants droits pour permettre la préservation de la chaîne de création.

• J’en viens maintenant au pass Culture, véritable projet européen, qui a démarré en Italie, continué en France, avant d’être développé en Allemagne.

Il est aujourd’hui mis en cause dans notre pays.

Nous nous indignons que l’un des principaux mécanismes d’incitation aux pratiques culturelles des jeunes soit dans le viseur des coupes budgétaires.

Le dispositif fait ses preuves : il entraîne la lecture, alors même que celle-ci est globalement fragilisée. Grâce à une grande diversité de références, les genres sont multiples, et les jeunes lecteurs entrent parfois pour la première fois de leur vie en librairie, de manière autonome et pour acheter le – ou les – titre de leur choix.

Le livre reste l’un des biens culturels les plus accessibles en termes de prix, il est présent partout grâce aux librairies qui maillent le pays. Aussi, il nous semble totalement contre-productif de vouloir réduire l’accès à cet objet culturel, injustement réduit par certains à un divertissement presque coupable.

La lecture est une véritable porte d’entrée vers l’acquisition de connaissances et compétences utiles tout au long de la vie, mais encore plus au moment où, à l’adolescence, les jeunes se forgent un esprit critique, s’ouvrent à différentes cultures, et font leurs premiers choix en autonomie. Si les jeunes conjuguent plaisir et envie de lire, pourquoi amputer le pass Culture ?

 J’en viens maintenant à un projet qui illustre la convergence de l’interprofession : on peut se féliciter de l’avancée de Filéas, qui entre dans une phase active de son développement. Cette plateforme a pour objectif de répondre au besoin légitime des auteurs d’avoir accès à des informations sur les chiffres de ventes de la filière, mais aussi d’améliorer l’efficacité économique et environnementale de la chaîne du livre. Nous espérons pouvoir lancer ce portail lors du prochain Festival du Livre de Paris en avril.

• Et je veux aussi saluer la présence de Jean Poderos, des Éditions courtes et longues, qui interviendra demain dans une table-ronde consacrée à la liberté de publier. Ouverture d’esprit, mise en lumière de réflexions d’auteurs et défense de la liberté d’expression sont les piliers de nos métiers. Et ils sont dangereusement attaqués dans la période actuelle, comme nous venons malheureusement d’en avoir la démonstration à travers l’annulation unilatérale par les organisateurs du salon international du livre d’Alger de la présence des éditions Gallimard en novembre prochain. Nous travaillons avec nos confrères à l’échelle européenne et internationale pour faire reconnaître les harcèlements, intimidations et interdictions dont peuvent souffrir les auteurs et leurs éditeurs. Dans quelques semaines sera remis au Mexique le prochain Prix Voltaire de l’Union Internationale des Éditeurs.

Évidemment, la Foire de Francfort ne serait pas ce haut lieu de culture mondial sans la présence et les efforts de tous nos cessionnaires de droits, dont je tiens également à saluer le travail acharné. Vous faites voyager nos auteurs dans toutes les langues et sur tous les continents. Il faut saluer votre belle performance réalisée en 2023, avec 14 648 titres cédés ou coédités, en croissance par rapport à 2022, et avec toujours de beaux résultats pour la jeunesse et la bande dessinée. Tout cela, sans oublier bien sûr tous les ouvrages qui seront bientôt traduits en français grâce aux achats de droit et aux coéditions.

De nombreux défis, et de taille, nous attendent. Le livre est une valeur refuge, gageons que nous saurons, tous ensemble, continuer de faire vivre sa création et son rayonnement.

Merci et bonne soirée ! »

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