- Mot du Président
Discours de Vincent Montagne, Président, à l’occasion de l’Assemblée générale du SNE 2024
L’Assemblée générale 2024 du Syndicat national de l’édition s’est tenue jeudi 27 juin 2024 au CFC (Paris 2).
« Chers collègues, Chers adhérents, Chers amis,
Je voudrais commencer par remercier les Présidents de groupes et commissions du SNE, parce que, suite à leurs synthèses, nous mesurons le travail accompli. Les groupes et commissions, appuyés par les permanents du syndicat, font un travail quotidien, parfois nocturne ; c’est une équipe très motivée et brillamment conduite par Renaud Lefebvre.
Arrivés au terme de notre Assemblée Générale, il me revient à présent le plaisir de vous dire quelques mots de conclusion.
Au nom du Bureau renouvelé que j’ai l’honneur de mener, je vous remercie de votre confiance. Soyez assurés que nous mettrons toute en œuvre et toute notre énergie au service du projet dont j’ai énoncé tout à l’heure les grandes priorités.
Je pense que nous avons du travail devant nous et peut-être davantage encore qu’il y a deux ans. Rarement l’avenir politique à court terme du pays n’a été aussi incertain.
Ces incertitudes ont au moins le mérite de nous rappeler ce que nous sommes : un syndicat professionnel, auquel il appartient de porter et de défendre auprès des pouvoirs publics aussi bien ses valeurs, les intérêts de ses mandants que ceux de l’ensemble de la chaîne du livre dont nous sommes responsables et de rappeler que le livre n’est pas une marchandise comme les autres.
Contraindre les relations contractuelles par un arsenal de barèmes et de minima, dénaturer le statut des auteurs pour tendre à un quasi-salariat, en contradiction avec l’instauration historique du droit d’auteur.
Écorner le pass Culture, doubler la TVA sur le livre, restreindre la liberté d’expression. Certains pourraient bien être tentés de le proposer par pure démagogie.
Je vous rappelle cette phrase de Charles Peggy : « Le triomphe des démagogies sont passagers, mais les ruines sont éternelles. »
Alors notre responsabilité sera de s’y opposer avec une ferme détermination.
Pour citer Milan Kundera « les extrêmes marquent la frontière au-delà de laquelle la vie prend fin, et la passion de l’extrémisme, en art comme en politique, est désir de mort déguisé ».
Au-delà de nos enjeux économiques et sectoriels, le livre entretient une relation singulière, la plus intime qui soit, avec la démocratie. Nous savons tous ici que le livre joue un rôle essentiel à la fois tant au stade de la construction des imaginaires que dans la compréhension du monde. N’oublions pas les conclusions édifiantes de cette étude américaine pour le National Endowment for the Arts qui démontre le lien profond entre pratique de la lecture et participation active à la vie démocratique.
L’écrit, c’est aussi ce qui nous permet d’appréhender le monde avec toutes les nuances nécessaires, de comprendre, d’analyser, de rêver, d’explorer, de faire preuve de finesse. Jean Birnbaum, dans Le courage de la nuance, dit : « Les réseaux sociaux sont devenus une arène où le débat est remplacé par le combat : chacun, craignant d’y rencontrer un contradicteur, préfère traquer cent ennemis… Partout, de féroces prêcheurs préfèrent attiser les haines plutôt que d’éclairer les esprits. » Et il ajoute : « ll n’y a pas d’un côté la vie, ses indignations, ses combats, et de l’autre les livres, la pensée, la transmission. Tout cela ne fait qu’un. Si l’on admet que la nuance n’est en rien une faiblesse, et qu’elle relève au contraire de la bravoure, on comprendra aussi que le livre lui donne abri. »
Nous savons que l’Histoire est une succession d’événements qui construit notre imaginaire personnel et collectif.
J’aimerais conclure notre assemblée générale par une note d’optimisme dans le souvenir encore si frais de cette belle après-midi que nous avons vécue hier sur la scène de la Comédie Française pour la finale des Petits champions de la lecture. Quinze finalistes, sur 150 000 élèves qui ont participé en CM1 et CM2.
La confiance de ces enfants dans le livre et dans l’avenir fait chaud au cœur. À nous de leur offrir l’avenir qu’ils méritent.
Vous l’avez compris avec l’ensemble des membres du bureau, avec les Présidents de groupe et commissions, avec le travail efficace des équipes permanentes du Syndicat, je souhaite que ce nouveau mandat que vous avez bien voulu réélire soit résolument placé sous le signe du collectif.
Je vous remercie. »
Photo © Frédéric Berthet
