Kristenn Einarsson, Président du Comité de la Liberté de Publier de l’UIE, a déclaré :

« Avant, pendant et après un conflit, le rôle des éditeurs est monumental. La paix n’est possible que dans une société qui accueille l’éducation, valorise l’échange des idées et promeut l’innovation, le débat et le compromis. C’est pourquoi les livres, en tant que sources d’empathie et de connaissances culturelles, et les éditeurs qui les produisent et les protègent,  promeuvent la paix et bâtissent le progrès. Les gouvernements autoritaires et d’autres entités puissantes resserrent souvent le contrôle de l’information pendant les conflits, imposant une censure stricte et diffusant de la propagande. Les éditeurs ne font pas seulement face à une destruction personnelle en période de conflit, mais peuvent aussi être confrontés à des menaces telles que la violence, l’emprisonnement ou même la mort pour avoir publié des matériaux perçus comme controversés. Ceux qui sont engagés pour la liberté d’expression ont navigué dans ces eaux périlleuses, souvent en travaillant clandestinement, en exil, ou même en temps de guerre, pour assurer la diffusion du savoir. »

Acceptant le Prix Voltaire 2024, Samir Mansour a livré une allocution vidéo. Il a déclaré :

« Je voudrais remercier tous ceux qui ont soutenu le Prix Voltaire de l’UIE et l’Union internationale des éditeurs. En 2021, ma librairie a été complètement détruite. Elle a été reconstruite en 2022. Pendant la guerre actuelle, la librairie a de nouveau été détruite, et sa deuxième branche aussi. Pour autant, je continue toujours mon travail, avec lequel j’ai grandi et qui m’a accompagné depuis mon enfance. Je continue à publier malgré ma présence sur la bande de Gaza. Si Dieu le veut, nous continuerons à publier et imprimer, peu importe les difficultés des circonstances que nous vivons aujourd’hui. Nous continuerons. »

Karine Pansa, Présidente de l’IUIE, a déclaré :

« Nos deux lauréats cette année, ainsi que notre sélection, nous incitent à réfléchir sur le rôle de l’édition pour la paix et sur la relation entre le conflit et l’édition. Le lauréat du Prix Voltaire de cette année et les nominés incarnent les efforts des éditeurs pour promouvoir les livres et la diffusion de l’information afin de prévenir les conflits et favoriser la paix, même en faisant face eux-mêmes à des dangers extrêmes. Leur engagement en faveur de l’édition et de la diffusion des connaissances devient un phare d’espoir au milieu d’une immense dévastation. »

La cérémonie d’hommage à Victoria Amelina a vu réutilisées des images de la cérémonie du Prix Voltaire 2023, où elle avait déclaré :

« Je suis une écrivaine ukrainienne parlant au nom de mon collègue Volodymyr Vakulenko qui, contrairement à moi, n’a pas survécu à une nouvelle tentative de l’Empire russe d’effacer l’identité ukrainienne. La communauté littéraire ukrainienne est reconnaissante pour ce prix. Ce prix est unique, significatif et émouvant pour nous, en partie parce que personne parmi les centaines d’autres écrivains ukrainiens qui, comme Vakulenko, ont été tués tout au long de l’histoire ukrainienne, n’a jamais reçu un prix international aussi prestigieux à titre posthume. Je suis sûre que Volodymyr Vakulenko souhaiterait aussi leur dédier ce prix. »

Le Prix Spécial sera remis à Oleksandra Matviichuk, directrice générale du Centre pour les libertés civiles (Prix Nobel de la Paix 2022), lors du deuxième jour du Congrès à l’occasion de son discours principal.