- Mot du Président
Rapport d’activité 2023-2024 : l’éditorial de Vincent Montagne
« Créer un environnement favorable au livre
Tout d’abord, le secteur de l’édition oscille entre bonnes et mauvaises nouvelles : une légère augmentation des ventes en valeur (+1%) et une baisse en volume des ventes de livres (-2%). Les études récentes montrent à la fois que de nouvelles formes littéraires séduisent les lecteurs, comme le livre audio, que le succès des adaptations audiovisuelles de livres se confirme, mais aussi, ce qui est préoccupant, que le temps de lecture des Français baisse sensiblement. Dans ce contexte, il est de notre responsabilité d’œuvrer collectivement pour promouvoir très largement le livre et la lecture.
Notre syndicat est toujours actif et je souhaite adresser mes remerciements à tous les professionnels qui y déploient leur énergie et leur engagement. Fruit du travail des groupes et commissions, nos travaux ont cherché à apporter des réponses concrètes à nos adhérents tout en se saisissant des défis stratégiques majeurs auxquels la filière du livre est confrontée. L’ensemble du présent rapport d’activité permet de revenir sur tous ces sujets et je veux saluer le travail de l’équipe menée avec dynamisme et détermination par
Renaud Lefebvre son directeur général.
L’émergence de l’intelligence artificielle, fulgurante à l’échelle du temps long de nos métiers, requiert notre entière mobilisation, conjointement avec l’ensemble des industries culturelles françaises et européennes, afin que le règlement qui vient d’être adopté reconnaisse la primauté du droit d’auteur
sur les intérêts de nouveaux acteurs prompts à n’y voir qu’un frein désuet à l’innovation.
La transition écologique de la filière figure également parmi les impératifs de la décennie à venir. Doter les éditeurs d’instruments leur permettant de piloter leur trajectoire carbone individuelle, documenter les décisions de tirage et de retirage grâce à une meilleure visibilité sur les rythmes de vente, former les professionnels du livre aux enjeux
écologiques, autant d’initiatives indispensables pour assumer notre responsabilité collective.
Il est temps également de prendre la mesure de l’impact du développement rapide et continu d’un marché du livre d’occasion qui, en l’absence de toute régulation, ferait peser un risque existentiel sur le fragile écosystème de la création.
La réponse à tous ces défis sera européenne – nous avons d’ores et déjà engagé nos actions de sensibilisation auprès du nouveau Parlement – et interprofessionnelle.
Par ailleurs, nous poursuivons sous l’égide du Ministère nos échanges avec les auteurs. Malgré des divergences d’analyse sur la situation du secteur, nous avons pu poursuivre un dialogue constructif avec leurs organisations. Concrètement, nous espérons que nos discussions sur les pratiques à privilégier, et à proscrire, en matière de contrat d’édition aboutissent prochainement à leur transcription dans la loi et les usages, ainsi qu’à la création d’une instance de médiation.
Enfin, le fonds créé conjointement par le SNE et la SGDL, avec le soutien de la Sofia, ouvre aux auteurs le droit à une indemnisation en cas de liquidation judiciaire de leur éditeur, et constitue à mes yeux une initiative exemplaire de la solidarité qui s’impose.
Autre motif de satisfaction de l’année : le Festival du Livre de Paris, la plus grande manifestation française consacrée au livre, a conforté sa place au premier rang de l’agenda culturel du printemps. Tout au long de l’année, de nombreux évènements ont aussi permis de mettre en lumière les enjeux de l’édition jeunesse, BD, numérique, de la science
ouverte et des livres universitaires et scientifiques.
En cette année qui accueille en France les Jeux Olympiques et le Sommet de la Francophonie, j’aimerais terminer avec les mots d’Hélène Dorion : “Le livre nous porte d’un mot à un autre, imagine des ailleurs qu’il transfigure en ici. Mais la phrase s’achève, et sans quitter l’ici, on est de nouveau ailleurs.” »
Vincent Montagne
Président du Syndicat national de l’édition, juin 2024