3 questions à… Isabelle Allégret, scénographe du Festival du Livre de Paris
À l’occasion de la publication du rapport d’activité 2021-2022 du SNE, Isabelle Allégret, scénographe du premier Festival du Livre de Paris au Grand Palais Éphémère, détaille comment l'espace a été conçu pour cet événement.
Quel est le parti pris scénographique du nouveau Festival du Livre de Paris ?
Lorsque nous avons visité le Grand Palais Éphémère avec Muriel Trembleau, scénographe associée, et Jean-Baptiste Passé, nous avons été émerveillés par le vaste et sobre volume du lieu qui, à l’opposé du Grand Palais, est totalement clos en plafond et entièrement vitré sur deux façades qui s’ouvrent sur une vue rapprochée sur l’École Militaire et sur une magnifique perspective lointaine sur la Tour Eiffel.
Cela nous a paru un beau commencement pour répondre au souhait du directeur d’associer Paris à l’image du nouveau festival du livre.
Le bâtiment et le site ont été les premières sources d’inspiration : en prolongeant la perspective du champ de mars, l’installation scénographique composée de mobiliers de bois reprend la géométrie des parterres de broderies des jardins à la française et se pose sur le bitume brut comme dans une rue parisienne.
Les nouveaux lieux d’accueil des éditeurs et des auteurs et de mise en valeur des livres portent des noms tels que « Kiosque », « Salon », « Ilôt » empruntés au monde des jardins ; quelques colonnes Morris et bancs publics sont encore des clins d’œil aux rues et squares de Paris.
Enfin le choix du bois s’est imposé par notre souhait à tous d’inscrire la manifestation sur plusieurs années par l’emploi d’un matériau bio sourcé, renouvelable, solide et chaleureux. Le papier qui compose les livres étant issu de l’industrie du bois, nous matérialisons la déclinaison du bois sous toutes ses formes, des arbres qui enserrent le Grand Palais Éphémère, à l’ossature de bois du bâtiment, au mobilier dessiné sur mesure pour présenter les ouvrages. Nous avons même imaginé des lustres composés de pages blanches disposées en guirlandes de fanions pour apporter un caractère festif à l’évènement.
La multiplication des différents éléments de mobilier dessinés pour présenter le plus d’ouvrages possible et permettre les rencontres entre le public et les auteurs rayonnent autour d’une agora de 200 places dans la nef centrale.
De petits espaces très simples et comportant des gradinages accueillent les rencontres, les débats et les ateliers imaginés par la directrice artistique Marie-Madeleine Rigopoulos.
Nous avons opté pour une scénographie chaleureuse et sobre permise par la qualité du lieu, dynamisée par le travail graphique coloré et les illustrations de Simon Landrein et enfin par un travail de la lumière que nous souhaitons à la fois vivante et douce pour apporter le meilleur confort aux visiteurs.
Quelles sont les grandes nouveautés apportées à cette édition inédite du Festival ?
Dans un premier temps, nous nous sommes appuyées sur l’étude réalisée par l’agence Tome 2 sur les dernières éditions du salon du livre et avons tenté d’en corriger certaines dérives et de répondre aux critiques émises par les professionnels de l’édition. Il fallait changer d’échelle, de pratiques, de retrouver un univers plus intimiste, plus convivial et plus festif, de remettre les auteurs et les livres au centre de la manifestation.
Nous avons créé un dispositif plus global qui unifie et rassemble les éditeurs au service du livre plutôt que de mettre en avant l’identité des maisons d’édition.
L’autre grande nouveauté de cette nouvelle forme du Festival est la réutilisation du mobilier sur plusieurs années pour offrir une manifestation la plus vertueuse possible sur le plan environnemental.
La surface réduite du Grand palais Éphémère associée à la démarche du réemploi obligent à faire des choix plus précis, à repenser les usages, à retrouver des choses simples et essentielles.
Et pour les éditions suivantes ?
Pour la prochaine édition, nous veillerons dans un premier temps à apporter toutes les améliorations qui seront nécessaires pour satisfaire le public et les maisons d’édition car nous avons bien conscience que nous n’aurons pas pu répondre à toutes les demandes pour cette première création.
En plus des lieux de rencontre, la scénographie s’est concentrée sur la conception et la fabrication d’un mobilier fonctionnel posé au sol et sur quelques objets suspendus – lustres et disques lumineux.
Nous pourrions, une autre année, penser à un travail plus aérien, imaginer des univers différents et toujours aménager des surprises aux éditeurs et aux visiteurs.
Nous aimerions aussi travailler sur les espaces extérieurs du Grand Palais Éphémère, mais aussi sur les lieux satellites de la manifestation, à Paris mais aussi en banlieue parisienne pour ouvrir la manifestation à tous les publics, essaimer des modules dans des écoles, des lieux patrimoniaux, des gares etc.
Mais dans l’immédiat, nous sommes concentrées sur la réalisation de cette première édition imaginée avec Jean-Baptiste Passé, il y a quelques mois seulement.